Le Flop 2015 : Parce qu’il faut bien un méchant dans l’équipe

Clara et Pierre-Marc ayant déjà encensé avec talent la production culturelle de 2015, je me retrouve dans un piège dangereux : prendre le risque de me mesurer à eux avec un autre top. Autant l’avouer, la tâche est très difficile. Il ne me reste donc plus qu’à abandonner le champ du compliment au profit du troll  de la critique constructive et argumentée des pires flops de l’année.

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Aussi, parce qu’en plus de s’octroyer le droit à une mauvaise foi décomplexée, voire passablement outrancière, il y aura le risque d’aller chercher un peu dans les marges de 2015, pour honorer certains candidats qui risqueraient autrement de s’en sortir indemnes (oui, c’est à toi que je parle X-COM 2, n’espère même pas t’en tirer en te planquant derrière 2016).

Enfin, la chose dispose de toute l’objectivité auquel ce genre d’exercice peut prétendre : très peu. Ceci étant, afin de ne pas déraper dans le jet de bave, je me limiterai donc à ne lister que ce que j’ai lu/vu/entendu/joué moi-même, et essaierai autant que possible de ne pas enfoncer encore plus les portes ouvertes. (Oui : Violetta Princesse Poney IX n’est probablement pas un bon jeu. Qui l’eut cru.)

Pour la première partie, nous regarderons les films, avec – même si j’essaie de l’éviter autant que possible – des risques de spoiler ci et la.

Ant-Man :

Ant-ManOui, je sais ce que vous allez dire : on avait dit qu’on n’enfonçait pas les portes ouvertes. Et pourtant, j’avais envie de l’aimer moi, ce brave homme-insecte, avec son super pouvoir quand même sacrément bidon qui aurait pu laisser place à toute la créativité et l’humour qui échappent totalement par exemple aux grandiloquences vaguement niaises d’un Superman.

Sauf que malheureusement, si le film échappe en effet à la grandiloquence, ce n’est que pour s’enfoncer avec délectation dans tout ce que l’humour bas de gamme, les clichés remâchés des centaines de fois et les « Mauvais garçons au grand cœur en vrai de vrai » ont fait de pire. Et je passe volontairement sur le side-kick comique « de minorité visible », qui offre pourtant une bien meilleure performance que l’acteur principal.

Attention : non pas que l’on demande à Marvel de produire des pépites transcendant les codes du cinéma de super-héros, mais continuer à voir après le très bon Guardians of the galaxy des films ayant autant de mal à s’extraire d’un schéma si terriblement basique  laisse songeur, et passablement inquiet pour le fameux plan sur 48 ans de la franchise.

Le combat ordinaire :

Combat ordinaireLa bande dessinée française trouve depuis quelques temps ses lettres de noblesses au cinéma, tout en produisant le pire (Les profs, l’Eleve Ducobu, Quai d’Orsay…) comme le meilleur (Le Bleu est une couleur chaude, le chat du rabbin, Persepolis…)

Soyons honnêtes : je suis terriblement fan de Manu Larcenet, aussi bien dans ses trips les plus sombres que dans ses BD les plus légères, et le Combat ordinaire, en jouant habilement sur les deux tableaux, réussit à être à la fois tendre, émouvante et forte, sans jamais tomber dans le pathos.

Le film réussit lui la performance d’être dans le pathos le plus absolu, sans jamais s’approcher des qualités qu’avait le livre. Avec un Duvauchelle qui semble se noyer d’ennui et un film qui, loin des phylactères, s’effondre sur lui-même, privé de l’esthétique et de la mise en scène de l’œuvre originale, pour ne plus être qu’un cocon vide.

Bref, la déception est d’autant plus forte que j’étais allé voir ce film en m’attendant à une sympathique surprise, tout heureux d’apporter mon obole à une œuvre dont j’imaginais qu’elle resterait somme toute très confidentielle.

Et avec du recul, c’est probablement ce que l’on peut lui souhaiter de mieux.

Star-Wars

Star WarsOui oui. Vous avez bien lu. Et non, je ne parle pas d’une réédition 2015 d’un coffret de la « Seconde-trilogie-mais-qui-est-la-première-en-fait », mais bien de Star Wars VIIéme du nom.

Qu’on se mette tout de suite d’accord, avant que les missiles ne se mettent à voler dangereux bas, et que je ne doive fuir le monde des bibliothèques pour ouvrir un élevage de raton-laveurs au Canada : j’ai passé un bon moment devant Star Wars VII.

Alors pourquoi est-il dans ce flop, me demanderez-vous, aimable public ?

Parce que je peux passer du bon temps devant un mauvais film, ce qui n’est d’ailleurs pas très surprenant dans le cas de Star Wars, où l’objectivité se débranche à moitié d’une part à cause du côté « Monument culturel geek » qu’il incarne, et où le film essaie tellement fort de nous pousser à l’aimer d’autre part, quitte à utiliser d’énormes ficelles.

Pourquoi, donc, insisterez-vous, Star Wars VII est un flop ? Je précise par avance que la suite contient d’ignobles spoilers.

Déjà, parce que Star Wars VII n’existe pas vraiment. Si les personnages ont changé – et on saluera au passage le courage de J.J.Abrams de faire le choix d’un personnage principal féminin fort (Quoique terriblement sous développé), l’histoire est un tel remake du premier opus qu’elle en devient terriblement convenue. On peut parler du monomythe, on peut saluer l’hommage, je pointerai surtout ce qui est probablement une trouille tellement incroyable de J.J.Abrams de « rater » le Star Wars qu’il abandonne toute forme de prise de risque pour retourner battre les sentiers tant de fois parcourus.

Star Wars memeÇa en devient presque ridicule d’énumérer d’ailleurs les références aux anciens épisodes, contenu dans le VII. Et je ne parle pas du retour des anciens personnages, mais des dizaines d’easter eggs et clins d’œil variés disséminés partout dans le film. Star Wars a ce problème : par peur de se rater, il n’arrive pas à tuer le père, et se retrouve à tourner en boucle dans une contemplation de lui-même qui, si elle sera à n’en pas douter très appréciée des fans les plus purs, n’est en aucun cas un argument scénaristique ou une proposition intéressante.

Car, coupé de l’affect qui nous pousse à tressaillir au moindre bruit de sabre laser ou mise à feu d’un X-Wing (je plaide aussi coupable), le film reste terriblement banal dans sa construction : C’est le risque, quand l’on se pastiche soit même. Nous avons donc droit aux traditionnels jeunes héros pris dans un triangle amoureux (à ce sujet, mes félicitations à Internet qui, comme toujours, sait se réapproprier les clichés de la plus belle des manières). A l’empire des gens très méchants qui pourraient presque avoir une pancarte « Regardez, je suis une icône Nazi » sur la tête, sans que l’on comprenne une seconde leurs motivations réelles. Et enfin à la mort du vieux mentor – Dont l’on comprend déjà qu’elle aura lieu quand ce pauvre Han Solo met le pied sur « l’étoile-noir-mais-qui-s’appelle-différemment ».

Bref : Star Wars n’est pas fondamentalement un échec. Il reste un film qui sait faire rire, être émouvant parfois, et évite quelques clichés du genre. Mais il reste une déception dans ce qu’il a de rendez-vous raté avec une alternative plus séduisante. L’univers de Star Wars, avec toute la littérature qui s’est bâtie autour, permettait d’aller chercher beaucoup plus loin que la simple redite, que le Fan Service vaguement grossier. Et si l’on comprend que l’échec des trois épisodes qui avaient tenté de raconter un autre Star Wars puisse rendre extrêmement frileux le géant Mickey à l’idée de la prise de risque, il reste triste pour l’honnête fan que la seule proposition qui lui soit faite n’est au final que d’être pris au piège de son affect.

(Enfin, et ce n’est pas rien, le Front de Libération Roux en a quelque peu assez que le vilain méchant soit systématiquement couleur carotte.)

Les 4 fantastiques

4 fantastiquesJe suis ici très mauvaise langue, car ici, nous avons tout de même un exploit qui mériterait de faire échapper à ce film une place dans notre Flop :

Faire un 4 fantastiques encore plus mauvais que les dernières tentatives. Et autant dire qu’on part vraiment de très, très, très loiiiiiin quand on voit la qualité des dernières productions.

Alors évidemment, la licence des 4 fantastiques est une de celle qui a connu le plus de succès en comics, et la machine à reboot se devait bien de s’emparer du cadavre cinématographique dans un massage cardiaque du dernier espoir.

Pour parler délicatement, disons que la seule chose qui sort du défunt est un nouveau râle de désespoir, nous indiquant qu’une salle de cinéma n’est définitivement pas un présentoir convenable pour les tentatives de résurrection digne d’un Frankenstein bas de gamme.

Convenons-en cependant : le film n’a presque eu aucune chance de survie au milieu de la tempête qui a accompagné sa naissance. Entre débats assez nauséeux sur la couleur de peau d’un des protagonistes et coupe radicale des studios dans la copie du réalisateur (qui reniera d’ailleurs le film), celui-ci était quasiment mort-né, et qu’il ait réussi à voir le jour restera dans les mémoires plus comme un prodige de création de mort-vivant que comme une œuvre cinématographique.

Pixels :

PixelLes films qui parlent du jeu vidéo partagent très souvent un énorme défaut : ils sont faits pour des Geeks, par des gens qui méprisent la culture geek, et qui plutôt que de construire des personnages même vaguement cohérents se contentent de multiplier des références en espérant que l’effet d’empilement transforme le brouillon cinématographique en un film-doudou efficace. A voir d’ailleurs si vous êtes curieux à ce sujet les excellentes chroniques « Crossed » de Karim Debbache.

Autant dire que ça prend très peu souvent, et que Pixels donne gaiement dans les pires pratiques de la putasserie récupératrice geek.

Passons rapidement sur les protagonistes principaux, tellement engoncés dans leurs stéréotypes de geek qu’on attend à chaque seconde la noyade scénaristique, et sur l’histoire, dont le pitch est plutôt intéressant – des extraterrestres qui décident d’attaquer la planète au moyen de personnages de bornes d’arcades, c’est peu banal – mais la réalisation atroce.

Reste quelques plans plus inspirés que d’autres (la course-poursuite avec Pacman, par exemple), qui surnagent dans les tentatives humoristiques du films, et des acteurs qui cabotinent plus qu’ils ne jouent.

Bref : non seulement un raté, mais en plus un raté fait avec de mauvaises intentions. Et une humiliation de Tyrion, ce qui est encore plus inacceptable que tout le reste.

Et voici pour les films, en sachant que si je survis à l’évidente rétribution des collègues Skywalkophile, j’aurai la joie de baver prochainement sur les pires jeux vidéos de 2015 !

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