La bibliothèque des rêves secrets

… Quel titre intrigant !
Qui devait forcément nous titiller, nous bibliothécaires, parce que ça ne nous arrive pas si souvent que ça d’être le personnage principal d’un roman !

Signé d’une journaliste japonaise : Michiko Aoyama, (dont c’est le premier roman), la Bibliothèque des rêves secrets vous emportera dans un voyage immobile, totalement introspectif.

Car ici, il s’agit bien de voyager aux côtés de ces lecteurs et lectrices qui, un jour, vont tomber sur Mme Komachi , une drôle de bibliothécaire : « Je me suis dirigé vers le fond de la pièce, j’ai contourné un paravent, et au premier regard, j’ai sursauté.
Une dame gigantesque était assise là.
Une tête sans menton reposait sur un corps prêt à exploser. Elle était vêtue d’un tablier beige sur un cardigan ivoire à larges mailles. Sa peau et ses vêtements étaient si blancs qu’elle rappelait le Bibendum Chamallow de SOS Fantômes. »

Il s’avère que cette étrange bibliothécaire, après avoir écouté la requête qui lui est faite – s’exercer à Excel, se documenter sur la création d’entreprise-, va fournir en plus de la liste d’ouvrages conseillés, un livre totalement saugrenu, qui n’a a priori, aucun rapport avec la demande initiale formulée par ses lecteurs et lectrices.

… Et pourtant. Ce pas de côté, ce livre inattendu proposé sans explications (mais avec une intuition infaillible !) par Mme Komachi, sera la petite graine plantée dans la tête des lecteurs et lectrices venu•es la consulter, et qui les poussera à réfléchir à leur vie, à ce qui les empêche d’avancer ou d’être heureux•ses.
Car si les personnages donnent le sentiment d’être tous dans une impasse, pour des raisons différentes, il ne tient qu’à eux de changer de regard sur leurs problèmes : le livre fourni par Mme Komachi sera simplement un déclencheur, le point de départ d’une prise de conscience. C’est palpitant et très émouvant de suivre les héros et héroïnes du livre et de les voir trébucher, se tromper, mais aussi courageux•ses, et confiant•es en leur capacité à réussir.

J’ai tout simplement adoré ce roman choral, empreint de beaucoup de finesse, de pudeur, et de poésie. Et de petites touches d’humour, aussi.


L’autrice dresse un portrait contemporain du monde du travail japonais, et de la souffrance qu’il génère sur les personnes qui ne rentrent pas dans les cases : un homme retraité qui se sent soudain inutile à la société, une jeune maman injustement rétrogradée à son retour de congé maternité, un jeune adulte qui ne trouve pas sa voie et se considère comme nul et fainéant…

Ce roman choral a une dimension universelle, car on peut se reconnaître dans chacun de personnages; et c’est un voyage si riche et empathique, que de suivre les pensées profondes de Hiroya, Natsumi, Masao, et les autres, dans leurs pérégrinations mentales pour retrouver le chemin de l’épanouissement et de la sérénité.

Loin d’être démonstratif ou moralisateur, ce roman accompagne ses personnages en les tenant par la main, et enclenche aussi chez nous qui le lisons, une petite musique introspective fort agréable…

A conseiller à tous ceux et toutes celles qui hésitent, doutent, ont un petit coup de spleen, ou tout simplement à vous qui voulez profiter de l’automne pour vous blottir sous un plaid en écoutant la pluie tomber dehors, avec un bon roman à dévorer !

Retrouvez le roman en bibliothèque !

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