Cinquante bibliothécaires à vélo

Alors oui, ça sonne comme le début d’une blague, mais c’est (un peu) plus sérieux que ça en a l’air.

Quand on imagine un bibliothécaire, l’image qui vient immédiatement est plutôt celle d’une vieille dame acariâtre, chignon tiré, lèvres pincées caressant tendrement les pages sèches de ses précieux livres bien rangés.

Ne mentez pas, je vous ai vu y penser

La probabilité que vous ayez pensé à une cinquantaine d’olibrius à vélo tintinnabulant joyeusement de ville en ville est somme toute relativement basse. Et pourtant la migration annuelle des cyclothécaires vers leur congrès professionnel est un spectacle à voir au moins une fois dans sa vie (sans exagération aucune et en toute bonne foi). Au programme de cette année : Nancy-Metz en passant par le Luxembourg. Quelques 300km à vélo, à travers des régions verdoyantes et vallonnées (bien trop vallonées selon moi) et une aventure humaine très forte.

Et c’est bien pour changer les idées reçues que Cyclo-biblio a vu le jour, s’inspirant de l’initiative merveilleusement folle de Cycling for libraries, mouvement formé en Finlande en 2011. « Mais pourquoi donc ? » me demanderez-vous, non sans malice.

1. Partir à la rencontre des populations et des élus

En effet, il faut bien sortir de nos bibliothèques pour rencontrer des gens qui n’y mettraient les pieds que contraints et forcés (comment leur en vouloir quand la bibliothécaire ressemble à ça ?) et de mieux faire connaître les différents aspects de ces lieux de culture et de gratuité. Dans les villes et les villages, au détour d’une forêt ombragée ou le long d’un joli canal nous avons croisé de nombreux curieux. Alors en chemin on fait de l’advocacy : on explique notre rôle, on parle de ce métier qui nous passionne et de son importance, de la manière dont il évolue. Et ce n’est pas tout-à-fait inutile si l’on considère à quel point les stéréotypes ont la vie dure. De plus faire le trajet à vélo (outre l’étonnement que cela ne manque pas de susciter) c’est aussi un moyen de promouvoir les mobilités douces, et ça on aime !

On ne perd aucune occasion…

2. Découvrir des lieux innovants

Un petit peu d’espionnage industriel n’a jamais nui à personne. Si ? En l’occurrence non : les bonnes idées dans le public ça se partage, ça essaime et ça fleurit de plus belle. Alors pour améliorer nos services et nos espaces, il n’y a rien de tel que le bibliotourisme (oui, c’est un vrai truc de bibliothécaires en vacances… (Ne nous jugez pas (pas trop fort !!))). Ce loisir barbare nous permet de rester au fait des nouvelles pratiques, de se mettre à la place d’usagers lambdas, afin de mieux envisager l’accueil, et de rencontrer des collègues inspirant·es. De la médiathèque de bourg gérée de main de maître par une seule collègue qui nous a présenté son kamishibike (dédicace à Mireille et sa passion pour le Petit Prince, une bibliothécaire sacrément badass) au learning center luxembourgeois ultra-moderne en passant par le bibliobus de la bibliothèque départementale de prêt, on en a pris plein les yeux.

La Manufacture à Nancy et sa mascotte durant les travaux.

3. Se former

Mais, me direz-vous, quid de tout ce temps laissé vacant ? Quand on ne pédale pas, ou qu’on ne court pas d’une visite à l’autre ? Qu’ouïs-je ? Qu’entends-je ? Du repos ? Que nenni, surtout pas ! Les cinquante collègues réuni·es ont bien des spécialités, ce serait dommage de ne pas les partager : tabliers de contes, calligraphie médiévale, fonctionnement d’une bibliothèque patrimoniale ou atelier gravure sur emballage tetra pak… bref, on n’a vraiment pas le temps de s’ennuyer. Les repas, les trajets, les soirées sont également l’occasion de parler entre nous de nos problématiques communes, de l’avenir de notre métier et de refaire le monde.

Une animation à retrouver peut-être prochainement dans votre bibliothèque !

Je pourrais parler encore longtemps de cette expérience incroyable, mais je pense qu’on peut surtout en conclure qu’à la question du congrès : « Les bibliothèques sont-elles indispensables ? », la profession répond un grand oui unanime. Nous nous mobilisons et continuons de faire avancer nos pratiques afin de répondre au mieux aux besoins des publics. En attendant avec impatience l’an prochain pour de nouvelles aventures bibliothéconomiques.

Lâcher de cyclothécaires en milieu sauvage

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