Retour d’expérience : une heure du conte inclusive en communication alternative et améliorée

Par Anahita Avalos

Depuis mars 2023, les bibliothécaires en charge de l’heure du conte à la bibliothèque Louise Michel utilisent la CAA pour lire des albums. La CAA (communication alternative et améliorée / augmentée) fait partie de notre vie quotidienne parce que mon fils Ulysses a des défis pour s’exprimer oralement mais aussi pour comprendre et pour acquérir les bases de la langue. Ce qui est naturel et sans effort pour la plupart des personnes comme construire une phrase simple (sujet, verbe complément), la comprendre rapidement ou la dire de manière intelligible par tous, participer à une conversation de base…tout cela demande du temps et de l’énergie et de l’aide pour lui. C’est pourquoi nous l’encourageons et l’aidons à utiliser signes et pictogrammes et une tablette avec retour vocal autrement dit la CAA.

Mais la CAA reste assez méconnue. Et l’on pourrait se demander à quoi cela peut servir dans une bibliothèque.

Mettre en place la CAA et l’utiliser c’est envoyer le message qu’on œuvre pour plus d’accessibilité. En effet l’accessibilité n’est pas que favoriser l’accès physique du lieu (avec une rampe ou un ascenseur ou un aménagement spécial des espaces…) c’est aussi effacer ou diminuer d’autres situations de handicap, comme par exemple s’orienter dans un lieu (signalétique adaptée) ou profiter et avoir sa place dans un lieu donc participer (profiter de la lecture, des ateliers, jouer, socialiser…).

Faire une lecture et y associer le pointage de pictogrammes rend le moment de la lecture plus accessible. Car lorsqu’on pointe vers des pictogrammes pour certains mots clefs on ajoute un autre canal (cette fois visuel) qui vient appuyer le canal auditif et aider la constitution de l’image mentale, la mémorisation et la compréhension. D’autre part lire et prendre le temps de pointer oblige à ralentir le débit ce qui parfois est suffisent pour capter et garder l’attention et aider également à une meilleure compréhension.

Utiliser des pictogrammes pour enrichir la lecture d’album en bibliothèque est donc bénéfique à tous ceux qui écoutent petits ou grands avec ou sans handicap.

D’autre part Ulysses qui est un jeune adulte en situation de handicap intellectuel et de communication a pu assister les bibliothécaires dans cette initiative de montrer des pictogrammes. Franchir ce pas de rendre visible une personne en situation de handicap alors qu’elle fait un travail valorisant est essentiel et rare et œuvre à rendre la bibliothèque plus inclusive. Car enfin on ne dit plus mais on agit. Car on donne l’exemple aussi. Et on signifie aux personnes en situation de handicap qu’elles ont une place là parmi les autres et une valeur reconnue. On ne les traite plus comme des problèmes qu’il faut solutionner mais des partenaires avec qui on construit.

Et le bonus est que cela permet aux enfants en situation de handicap d’avoir enfin un modèle, une personne à qui s’identifier (un autre utilisateur de CAA) et avancer en visualisant leur place parmi TOUS.

Je rêve du jour où une telle démarche qui a pour finalité le simple respect des personnes et de leurs droits (la communication est un droit fondamental reconnu par la convention internationale des droits des personnes handicapées signée par la France) serait en place dans toutes les bibliothèques de France et serait donc banalisée.

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