Betty VS Glory : 2 prénoms féminins de 5 lettres finissant par Y et autres similitudes…

En cette rentrée littéraire, par pur hasard, j’ai lu à quelques semaines d’intervalle le roman Betty de Tiffany Mc Daniel et Glory d’Elizabeth Wetmore qui sont deux premiers romans américains écrits par des femmes. Une fois que j’ai dit ça, je reconnais que « pur hasard » n’est pas très juste car j’adore la littérature américaine et particulièrement celle qui nous plonge dans l’Amérique profonde, là ou vivent les électeurs de Trump. Pour être tout à fait exacte, il s’agit ici des parents de ceux qui votent Trump, puisque Betty se déroule dans les années 50/60 et Glory en 1976. Visiblement peu de choses ont changé dans les mentalités en 40 ans car en lisant, j’entends toujours les mêmes propos issus d’un racisme décomplexé qui font froid dans le dos. Betty est métis (de père indien cherokee) et Gloria (qui deviendra Glory par haine pour ce nom que son agresseur lui susurrera à l’envi) est d’origine mexicaine. Elles vivent toutes les 2 une adolescence traumatisante, en particulier à cause de la couleur de leur peau et de leur sexe. Ici s’arrêtent les similitudes.

 

Le roman Glory commence au petit matin quand le violeur de cette jeune fille de 14 ans dort encore. Elle réussit à s’échapper, avant qu’il ne la tue, dans un désert hostile et elle frappe à la seule maison des environs où vivent Mary Rose enceinte et sa petite fille. Bouleversée par l’état de la jeune fille, elle lui ouvre sa porte et met en joue son agresseur qui arrive quelques minutes plus tard, menaçant. Malgré l’opposition de son mari et de tous les habitants du coin qui insultent Glory (car oui, elle est montée dans la voiture de son plein gré), Mary Rose ira témoigner même si c’est un procès fantoche dont l’issue est prévisible. Nous croiserons aussi d’autres personnages féminins maltraités par la vie comme Corinne, vieille alcoolique qui n’arrive pas à faire le deuil de son mari, ou Debra Ann dont la mère l’a abandonné du jour au lendemain. Chaque chapitre évoque le destin de chacune de ses femmes qui font face à leur démons dans un Texas où, attirés par l’appât d’argent facile suite à la découverte du pétrole, des hommes seuls et agressifs imposent leurs lois aux femmes. La puissance de ce roman c’est de donner la parole à ces femmes qui résistent comme elles peuvent aux diktats masculins et racistes.

Betty se passe en majeure partie dans l’Ohio, où sa famille s’installe après de longues errances dans une maison délabrée. Sixième enfant d’une famille de huit, Betty a la malchance de ressembler physiquement beaucoup à son père indien cherokee, ce qui lui vaut constamment des insultes racistes même au sein de sa famille, en particulier par sa mère, totalement névrosée et traumatisée par son enfance. Heureusement, la figure idéalisée de ce père bienveillant mais doux rêveur, illumine son quotidien par sa philosophie toujours positive malgré les désastres qui pleuvent autour d’eux. En effet, comme si une malédiction s’était abattue sur sa famille, plusieurs de ses frères et sœurs meurent les uns après les autres… Un roman où se mêlent viols, inceste, intolérance, grande pauvreté. Il a fallu que je fasse une pause dans ma lecture car certaines scènes étaient à la limite du supportable, mais j’ai adoré ce roman et son personnage principal lumineux et volontaire qu’on voit grandir, perdre son innocence et se réfugier dans l’écriture pour comprendre et s’en sortir.

la Betty originale qui a inspiré le roman

Si vous aimez les histoires fortes, les héroïnes courageuses dans des univers hostiles, ne passez pas à coté de ces deux prénoms en 5 lettres terminant par un Y…

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